Le bonheur


LE BONHEUR 




Le Bonheur, deux petites syllabes… un tout petit mot mais qui a tellement d’importance dans une vie. On pourrait le transposer sur une comptine pour enfant : « il court, il court le bonheur… il est passé par ici, il repassera par là... ».


Le bonheur est un état qui est stable, non-passager contrairement au plaisir qui est une satisfaction immédiate. En effet, le plaisir est la satisfaction immédiate d’un désir, d’une pulsion accompagné  d’une sensation de bien-être. Pour autant, on peut prendre plaisir à quelque chose, puis se culpabiliser après son assouvissement. Ainsi, cela ne nous apporte aucun bonheur. De plus, une fois le plaisir consommé, il disparaît.
Le plaisir est dans l’agir, il se localise sur le corps, comme le plaisir gustatif, visuel.... Le bonheur est indépendant de l’action. En ce sens, il est non-passager. C’est un ressenti diffus qui vous englobe tout entier, c’est un état de plénitude. Il est difficile à décrire ce bonheur, c’est un savant équilibre, il nous appartient et est propre à chacun de nous, c’est quelque chose d’abstrait, un état d’esprit. Nous avons tous une conception de ce qui  nous rendrait heureux mais une fois que nous l’avons, trouverons nous le bonheur ? Ou désirerons nous autre chose qui nous manque pour l’atteindre ? Et si le bonheur était un signifiant maître ? Inexplicable, indescriptible avec simplement des mots.

Le bonheur est le but d’une vie, le but élevé d’une existence. Qui désire être malheureux dans sa vie, non épanouie ?
Beaucoup de religions promeuvent cet état, trouver le bonheur en Dieu, comme la religion Chrétienne qui prône que pour trouver le bonheur, il faut trouver Dieu. Cela est aussi véhiculé par certaine « philosophie de vie » comme le boudhisme etc… Sa recherche peut aussi conduire certains individus mal-intentionnés à le promettre à des personnes vulnérables et en les embrigadant dans des sectes.


Tellement de personnes le cherchent, aspirent à l’être (retenez ce petit mot « être », nous y reviendrons …), comment le trouver ? Comment l’atteindre ? Peut-on atteindre cet état ou l’on est tout simplement bien, heureux ?
Certains le remettent au lendemain, je serais heureux quand j’aurai de l’argent, la dernière voiture, la santé, le physique, l’amour…..alors oui… toutes ces choses rendent la vie plus facile, plus douce mais nous rattachons le bonheur à l’avoir. Serait-il en lien avec le désir ? En effet qu’est ce qui nous pousse vers « l’avoir » sinon le désir ?

Ah le désir, une bien drôle histoire. L’homme désire, c’est un moteur, mais cela peut aussi être un frein s’il n’est pas satisfait. Le bonheur est-il en lien avec le désir ? Faut-il combler tous ses désirs pour être heureux. Mais s’ils sont tous comblés que nous reste t-il ? L’homme est un animal désirant et avec le désir nait la frustration.
Personne ne peut combler la totalité de ses désirs, l’homme est manquant et toute satisfaction n’est que passagère et illusoire puisque quelques instants après, nous désirons ailleurs. L’homme naît manquant, c’est ce qui le pousse à désirer. Sans manque, pas de désir.
Ce manque qui nous rend perpétuellement en quête de quelque chose, c’est notre condition d’être parlant.
Mais si l’homme parvenait à assouvir tous ses désirs, que lui resterait-il? Imaginez quelques instants que vous ne désirez plus rien, ni pour vous, ni vous même, ni pour les autres, ni les autres… que ressentez-vous ? Rien, le vide, le néant, ne rien désirer n’est-il pas l’équivalent de la mort ?  En ce sens, certainement que le bonheur ne peut pas être lié à la satisfaction de tous ses désirs.

Il est vrai qu’on dit : « j’aimerais avoir un peu de bonheur », ou « j’ai le droit au bonheur ». Et si nous nous trompions. Le bonheur ne se gagne pas, on n’y pas le « droit », on ne peut pas l’« avoir ». Mais nous pouvons le ressentir, nous l’éprouvons, c’est un sentiment et comme tous les sentiments, il nous échappe, il est hors de contrôle, soumis à nos émotions. Il est propre à l’humain et est subjectif, propre à chacun, aux prises de son histoire, de son vécu, de ses désirs. A chacun sa conception du bonheur. Le bonheur est indéfinissable car propre à chacun.


Reprenons l’étymologie du bonheur. Étymologiquement, bonheur vient de « heur » qui signifie « la bonne fortune », « la chance ». Dès lors, le bonheur ne dépendrait pas de nous, il serait de l’ordre de « la chance ». Un peu comme si on gagnait au loto. Ça tombe sur nous. Bon bah avec ça on est bien loti… où pas.. il ne reste plus qu’à attendre et voir s’il arrive où pas….
Cela signifie peut-être qu’il faut arrêter de le chercher pour le trouver.
D’ailleurs, ne dit-on pas cela pour l’amour? « L’amour arrive quand vous arrêtez de le chercher ». En effet, depuis quand cherche t-on un sentiment, un sentiment ne se trouve pas, il s’éprouve. Et ou s’éprouvent les sentiments ? Dans notre être. Tiens le revoilà celui-ci… l’être… ou l’Être ou peut-être le manque à être. Ce qui fait de nous un sujet, divisé et manquant. Or, en tentant de répondre à nos désirs nous cherchons à combler un manque. Le bonheur est-ce ne plus manquer ou jouir de tout ? Mais comme nous l’avons vu cela est impossible. Dès lors, notre condition de sujet manquant rend nous t-elle des éternels insatisfaits ? Dans ce cas cette petite chose qu’est le bonheur s’éloigne à nouveau.

Nous pouvons illustrer cela par le personnage d’un dialogue de Platon, Calliclés :
« Socrate : Considère si tu ne pourrais pas assimiler chacune des deux vies, la tempérante et l’incontinente, au cas de deux hommes, dont chacun posséderait de nombreux tonneaux, l’un des tonneaux en bon état et rempli, celui-ci de vin, celui-là de miel, un troisième de lait et beaucoup d’autres remplis d’autres liqueurs, toutes rares et coûteuses et acquises au prix de mille peines et de difficultés ; mais une fois ses tonneaux remplis, notre homme n’y verserait plus rien, ne s’en inquiéterait plus et serait tranquille à cet égard. L’autre aurait, comme le premier, des liqueurs qu’il pourrait se procurer, quoique avec peine, mais n’ayant que des tonneaux percés et fêlés, il serait forcé de les remplir jour et nuit sans relâche, sous peine des plus grands ennuis. Si tu admets que les deux vies sont pareilles au cas de ces deux hommes, est-ce que tu soutiendras que la vie de l’homme déréglé est plus heureuse que celle de l’homme réglé ? Mon allégorie t’amène-t-elle à reconnaître que la vie réglée vaut mieux que la vie déréglée, ou n’es-tu pas convaincu ?
Calliclès : Je ne le suis pas, Socrate. L’homme aux tonneaux pleins n’a plus aucun plaisir, et c’est cela que j’appelais tout à l’heure vivre à la façon d’une pierre, puisque, quand il les a remplis, il n’a plus ni plaisir ni peine ; mais ce qui fait l’agrément de la vie, c’est d’y verser le plus qu’on peut. » Platon, Gorgias, 493b – 494b

En effet, une fois les désirs satisfaits, il n’y a plus de plaisirs, ni de peine. S’il n’y en pas d’autres à satisfaire nous vivons « à la façon d’une pierre », nous ne ressentons plus rien, nous devenons un objet inanimé, sans vie. Le désir et le plaisir sont donc nos moteurs.
Nous nous arrêterons ici pour Calliclés car son principe pour trouver le bonheur est d’assouvir tous ses désirs. Ce principe est fondamentalement impossible et conduit à la frustration.



Ainsi, par tous ces biais, le désir, l’avoir nous mettons du sens sur le sentiment qu’est le bonheur. Mais si nous oublions le sens, la logique, l’avoir pour juste le ressentir, l’éprouver, juste « Être » heureux, et « Être » ce bonheur. On ne le possède pas, on ne l’a pas. Il est en nous.
Chacun est son propre bonheur. Vous manquerez toujours de quelque chose, vous ne serez jamais satisfait à 100 %, vous ressentirez des joies, des peines. La vie est ainsi faite.
Nous pouvons l’accepter ou pas car la vie est parfois bien injuste. Il ne s’agit pas d’accepter les événements, car tout le monde est soumis à des événements douloureux, voir très douloureux mais accepter ses émotions, les états qui nous traversent, être triste, être en colère, être jaloux, être envieux, être heureux… Toutes les émotions qui nous parcourent sont les nôtres, elles nous constituent, nous définissent, font de nous des êtres vivants, des êtres humains, des êtres manquants et si le début du bonheur était là ? Accepter ce que nous sommes. Ceci ne veux pas forcément dire tel que l’on est car tout le monde peut changer, évoluer et devenir une meilleure version de soi même, mais accepter ce que l’on est ou ce que l’on naît, accepter la vie qui est en nous, notre condition d’être mortel et la vivre pleinement dans le présent, ni trop dans le passé, ni trop dans le futur. Il est impossible de ne pas vivre dans le passé ou dans le futur car le premier est notre expérience, ce qui nous a construit et le deuxième est notre avenir, notre futur, nos espoirs et nos doutes mais il faut trouver un juste milieu.
Vivre sereinement avec nous-mêmes, nos émotions, nos peurs, nos désirs. Accepter nos peines, nos joies (j’inclue la joie car certaines personnes se culpabilisent de la ressentir et s’en privent, dans une sorte d’auto-punition). Il ne s’agit pas de les comprendre (bien que des fois un travail analytique afin d’y parvenir peut s’avérer pertinent), nous ne sommes pas omniscients, c’est à dire nous ne savons pas tout, nous n’avons pas un savoir infini et encore moins sur nous-même. Les émotions qui nous traversent sont parfois incompréhensibles. Il s’agit donc d’accepter de les ressentir.

Ainsi, le bonheur ne serait pas lié à l’avoir, au désir mais à l’acceptation sans jugement de notre part de nos émotions qui nous traversent positives ou négatives. Je précise sans jugement car il n’y a pas de juge plus sévère et intransigeant envers notre propre personne que nous-mêmes.
Le bonheur serait alors un état d’esprit, qui est lui même la disposition psychique d’un individu à un moment donné…. Un moment donné… Mince le bonheur s’envole encore… Il court, il court le bonheur… il est passé par ici… il repassera par là…



Jessy fity


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